Un voyage d’échange d’expérience chez les femmes apicultrices de Rumonge


Dans le cadre du projet miel initié par le COPED et qui encadre les femmes regroupées dans des associations apicoles de la province de Rumonge, un projet financé par la Conférence Episcopale Italienne, un voyage d’échange d’expériences a été organisé le mardi 22 janvier 2019 pour une trentaine de ces femmes apicultrices vers la province de Muramvya. Deux sites ont été visités, l’un à Bukenye, l’autre à Kiganda. Au terme de ce voyage, ces femmes témoignent avoir appris beaucoup de l’expérience des autres apiculteurs. Elles étaient en effet en compagnie de la coordinatrice du projet, du chef de Projet et de leur encadreur. L’administration de Rumonge a été représentée par le Conseiller du Gouverneur en charge des affaires sociales et des associations de la province Rumonge.

Le voyage a débuté tôt le matin du mardi 22 janvier 2019 au Centre d’Entrepreneuriat et d’innovation Rurale de Rumonge, qui encadre ces femmes apicultrices. Elles se sont embarquées dans un des bus de l’Agence de voyage Memento, en compagnie du chef de projet, de leur encadreur et du Conseiller du Gouverneur qui venaient dans leur véhicule de service. Arrivés au centre-ville de Bujumbura, ces derniers ont dévié vers le Bureau National du COPED pour prendre avec eux Madame le coordonnateur du projet et le chargé de la communication pour rejoindre le reste de l’équipe à Bukeye. A Bugarama attendait le responsable de la vulgarisation dans le Bureau Provinciale de l’Environnement, Agriculture et Elevage de Muramvya pour accompagner les explorateurs de cette province.

Visite du site apicole de Busangana, à Bukeye

Arrivés à Bukeye, les voyageurs ont été accueillis par un agent du bureau régional de CEPRODILIC Bukeye, Monsieur Isidore Bazompora. Sous son guide, toute l’équipe a visité deux sites d’élevage d’abeilles sur la colline Busangana de la Commune Bukeye. Après cette visite guidée, un entretien a été mené, où multiples questions d’ordre technique ont été posées.


Monsieur Isidore Bazompora donne des explications sur l’apiculture à Bukeye

Monsieur Isidore a fait savoir que la CEPRODILIC encadre 16 associations apicoles. Il a ajouté que ces associations achètent les ruches à crédit et remboursent progressivement le prix jusqu’à ce que ces ruches leur appartiennent. La CEPRODILIC compte environ 80 ruches déjà distribuées, chacune pouvant produire entre 5 kg et 8 kg de miel par récolte, soit entre 25 kg et 30 kg de miel par an et par ruche, attendu que pendant la saison sèche, entre juin et septembre, on peut récolter 4 fois, chaque deux semaines.

A entendre que l’on peut récolter du miel chaque deux semaines, les femmes apicultrices de Rumonge se sont émerveillées et ont demandé comment cela est possible. L’agent de CEPRODILIC a répondu que cela est possible car l’extraction du miel se fait à la machine extracteur sans abimer les gâteaux, et dès qu’on les retourne dans les ruches, les abeilles continuent leur travail sans devoir en construire d’autres. « En bonne saison, deux semaines suffisent pour que les abeilles remplissent de miel toute une ruche », a informé Isidore. Pour accroitre la production, le technicien a fait savoir que la CEPRODILIC compte planter d’autres espèces d’arbres et plantes qui ont des fleurs aimées par les abeilles, comme la moutarde et le tournesol.

Quant à la protection des abeilles contre les diverses maladies et ravageurs, le technicien a informé que la plupart des cas, les maladies et les ravageurs des abeilles sont dus au manque de suivi régulier de la part de l’apiculteur. « C’est quand la population diminue et qu’il y a ponte de beaucoup d’œufs qu’apparaissent les ravageurs », a-t-ils révélé. Il a continué en conseillant aux apiculteurs de faire une propreté régulière des ruches : diminuer le volume des ruches, les nettoyer et les désinfecter. Les femmes éleveurs d’abeilles de Mugomere et Mutambara ont affirmé avoir vécu cette expérience.

Les sortes de ruches de Bukeye

Les femmes apicultrices de Rumonge ont voulu savoir les techniques utilisées pour peupler et garder les abeilles dans les ruches. Après avoir expliqué que malgré que la reine soit dépouillée de ses ails et l’attachée, les abeilles finissent par vider les ruches après quelques semaines, le technicien a répondu qu’il ne faut plus toucher la reine car une fois libérée, elle n’a qu’à se sauver. Et tout le peuplement la suit. Il a alors conseillé de procéder par le transvasement et utiliser la grille à reine qu’on met sur l’entrée de la ruche. La reine entre dans la ruche et y reste 3 à 4 jours, le temps d’accepter ou de rejeter la ruche.

Et s’agissant de la protection des ruches contre les malfaiteurs, des cas qui arrivent souvent chez ces femmes éleveurs d’abeilles à Rumonge comme elles l’ont relaté, Monsieur Isidore a expliqué que l’administration locale doit jouer un rôle majeur en punissant les forfaiteurs appréhendés. Il a aussi conseillé à ces femmes apicultrices d’étudier le terrain avant d’installer leurs ruches et entrer en contact avec les responsables des terrains où elles désirent installer leurs ruches afin de contourner toutes les conséquences possibles. Le Conseiller du Gouverneur a bien noté tous ces conseils promettant d’aider ces femmes.

C’est à ces conseils que la visite du site Busangana s’est clôturée. Toute l’équipe s’est embarquée dans les véhicules en direction de Kiganda.

Visite du centre de traitement du miel sur la colline Renga, à Kiganda

On est arrivé au centre de traitement du miel de Rega, au chef-lieu de la Commune Kiganda vers 16 heures de l’après-midi, en compagnie du responsable de la vulgarisation dans le Bureau Provinciale de l’Environnement, Agriculture et Elevage de Muramvya. Monsieur Zénon Murerwa, Directeur chargé de la formation dans ce centre, avec son équipe d’apiculteurs attendaient impatiemment les visiteurs. Après son mot d’accueil, Monsieur Zénon a présenté le centre, informant qu’il est en action depuis 2015, institué par une ONG japonaise du nom de Terra Renaissance. Cette ONG prend en charge les victimes des crises comme les démobilisés et autres. Elle a commencé à opérer sur la colline Kanegwa de cette même Commune en promouvant les métiers de menuiserie et de couture. Monsieur Zénon a fait savoir que cette ONG a commencé à opérer au chef-lieu de la commune en 2018, dans les domaines de la couture et apiculture.

Echange sur l’apiculture à Kiganda

Entrant alors dans le vif du sujet, Monsieur Zénon a expliqué que ce centre élève les abeilles sur la colline Kayange, où il a 80 ruches dont 35 sont peuplés. Il a informé ses visiteurs que le centre achète les abeilles aux pratiquants traditionnels et les mettent dans les ruches modernes. Une chose nouvelle que les femmes apicultrices de Rumonge ont apprise est que les abeilles sont nourries. Monsieur Zénon a fait savoir qu’une fois les abeilles sont transvasées dans la ruche moderne, on les nourrit d’une solution sucrée ou par des bananes mûres ou des morceaux d’ananas avant que les abeilles ne soient habituées du nouvel endroit et aillent se procurer de la nourriture loin de la ruche.

Comme pour la première visite à Bukeye, les apiculteurs de Kiganda ont admis pouvoir récolter le miel une fois les deux semaines pendant l’été, cela grâce à la technique de récolte qui n’abime pas les gâteaux. Ils affirment avoir des outils modernes de récolte et de préparation du miel, ce qui fait que leur miel soit de bonne qualité et étiqueté. S’agissant de la production, le technicien et formateur des apiculteurs de Kiganda affirme que suite au climat un peu froid de la région, une ruche peut produire 15 kg par an, informant que pour l’an 2018, les 35 ruches peuplées ont produit 85 kg de miel.

Les femmes, tout comme leurs responsables, ont posé multiples questions relatives à l’élevages des abeilles, comme la lutte contre les ravageurs et les maladies des abeilles. Parmi les ravageurs des abeilles, on a cité Ituza (une sorte de papillon) et les fourmis. Pour lutter contre Ituza, le technicien a expliqué qu’il faut diminuer le trou de vol de la ruche et inspecter s’il n’y a pas d’autres voies d’entrée sur la ruche. Il en est de même pour les autres animaux comme les lézards. L’on peut aussi utiliser un sachet que l’on pose entre la demi-ruche et le couvercle. Ce sachet permet aussi de lutter contre l’infiltration de l’eau de pluie dans la ruche. Et pour les fourmis, on utilise du mobil de graissage que l’on peint sur les piliers qui tiennent les ruches ou encore des feuilles de tomates vertes que l’on froisse un peu et étend près de ces piliers. Les fourmis sentent l’odeur de ces feuilles et fuient l’endroit.

La maladie d’ « Igihanga »qui a été évoquée par les femmes éleveurs d’abeilles de Rumonge survient, explique le technicien, à cause de la maladresse de l’apiculteur quand il ne contrôle pas régulièrement ses ruches. Pour lutter contre cette maladie, poursuit-il, on nettoie les cadres de la ruche avec une eau bouillante. On nettoie aussi l’intérieur de la ruche avec du sucre mélangé à l’eau ou avec des produit chimique comme l’amoxicilline. L’amoxicilline se mélange avec du sucre dans une eau non bouillante, et avec cette solution, on asperge l’intérieur de la ruche, et le reste on le met sur le trou de vol afin que les abeilles boivent de cette solution et guérissent.

Visite de l’unité de traitement du miel de Kiganda

Beaucoup d’autres questions en rapport avec l’apiculture ont été posées, ces femmes beaucoup intéressées, ne voulant pas lâcher le vieux formateurs. Après cette séance combien intéressante, on a visité l’intérieur du centre de traitement du miel avec tout son matériel de traitement du miel. La visite a été clôturée vers 18heures et demi. Toute l’équipe s’est embarquée pour aller loger au centre-ville de Muramvya pour retourner à Rumonge le lendemain matin, mercredi 23 janvier 2019, ravie de l’expérience vécue.

Retour à Rumonge

Signalons que ce projet n’appuie que les femmes seulement dans le but de les aider à accroitre l’économie des ménages. Elles ont commencé par suivre une alphabétisation fonctionnelle en 2018 avec d’autres femmes qui ont l’option de suivre la maçonnerie. Ces femmes apicultrices comme celle maçonnes sont fières de ces métiers jadis réservés aux seuls hommes, démontrant le pouvoir et la capacité de la femme dans l’accroissement de l’économie familiale et nationale.

Diomède Mujojoma

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